Anaiz Aguirre Olhagaray. Adrienne Bergson Johnson est une femme audacieuse. Née aux Etats-Unis, elle travaille dans une prestigieuse agence de communication qui l’a amenée à conseiller les plus grands noms de l’élite politique étasunienne, parmi lesquels l’ancien président Barack Obama. En pleine crise existentielle, elle découvre qu’elle est la fille d’immigrés basques. Alors elle prend ses cliques et ses claques et s’installe au Pays Basque. Forte d’un CV en béton, elle donne des conférences en euskara, langue qu’elle a apprise, bien déterminée à mettre ses compétences au service du rayonnement du territoire.
Ce personnage fictif, Maryse Urruty l’incarnera bientôt dans un monologue en cours d’écriture qu’elle présentera au public lors de la saison 2024-2025. La comédienne, originaire de Masparraute, metteuse en scène et humoriste le reconnaît : elle ressent une profonde « fascination » pour les États-Unis. Si elle éprouve un tel attrait pour ce pays, c’est parce que comme beaucoup d’autres trentenaires occidentaux, elle a baigné dans la culture étasunienne. Les séries bien sûr (Friends, Girls…) mais aussi le stand-up, ces monologues comiques où l’humoriste, seule sur scène, raconte des histoires qui lui sont arrivées.
« J’aimerais créer un rapport de fascination-répulsion pour le personnage d’Adrienne. Elle incarne tout ce qu’on déteste, un capitalisme débridé avec un vernis humaniste et socio-libéral », explique l’humoriste, qui critique au passage le « marché du bien-être » et du développement personnel.
C’est l’enseignant, acteur et metteur en scène Antton Luku qui lui a transmis le goût du théâtre, à l’époque du lycée. Mais alors, Maryse Urruty n’imaginait pas qu’il lui fût possible d’embrasser la carrière d’artiste. Une fois achevées ses études de sciences politiques, elle a revu ses priorités et intégré une école de théâtre à Paris. « Après cinq ans, je me suis dit que je pouvais enfin me permettre l’aventure. En y goûtant à nouveau, je me suis dit que oui, j’avais quelque chose à y faire. »
Naît alors le besoin de retrouver ses racines. « J’avais envie de travailler en basque et de récupérer la langue, parce que je ne suis pas allée à l’ikastola. En étant à Paris, avec la distance, je ne sais pas, une petite voix disait qu’il me manquait quelque chose, je n’arrivais pas à expliquer quoi. Je me suis dit, ‘je vais réapprendre’ » Après des cours à la Maison Basque de Paris, elle décroche son premier rôle en basque avec la pièce « Cyrano » de la compagnie Hecho en Casa. De retour au Pays Basque, elle fonde sa propre compagnie, Itzuli (« rentrer », en basque).
Chroniqueuse à Kanaldude, passée par l’émission Barre librea d’EITB, Maryse Urruty a trouvé un nouveau terrain de jeu dans la comédie. « Je m’intéresse à la mécanique de l’humour, c’est-à-dire à la façon dont on fait une blague. Qu’est-ce qui fait qu’on rit ? Je trouve cela fascinant. Faire pleurer, c’est assez facile, le drame est partout. Faire rire est assez magique parce qu’on n’est pas sûr de qui on a en face, on ne sait pas sur quel bouton appuyer. Les larmes sont plus communes que le rire. » Joie, partage, doute. Ce sont les mots qui viennent à l’esprit de la femme de théâtre à l’évocation de son métier. Et de conclure : « Ça fait du bien ne pas être soi. Ça fait des vacances ! ».